Les scouts du GEF : détecter et développer les talents

20 décembre 2024

Au cœur de la formation des jeunes footballeurs du canton de Genève, les scouts jouent un rôle clé. Ces observateurs passionnés, présents sur les terrains tout au long de l’année, sont les premiers à repérer les talents bruts qui rejoindront, peut-être, un jour les sélections Footeco du Genève Éducation Football (GEF).

Mais en quoi consiste réellement leur mission ? Comment identifient-ils ces jeunes talents et contribuent-ils à leur développement ? Cet article vous dévoile l’univers exigeant du scouting et détaille le rôle essentiel que jouent les scouts dans le football genevois.

 

Observer, analyser et recruter

La structure Footeco du GEF repose sur l’expertise de six scouts dédiés à la détection des jeunes talents à travers le canton de Genève : Husnu Uysal, Guy Dupont, Bahram Rezai, Thierry De Choudens, Antonio Antonazzo et Jacques Chobaz. Ces passionnés de football jouent un rôle essentiel dans l’identification et le suivi des futurs espoirs.

Découvrez leurs portraits juste ici.

Un scout, c’est avant tout un œil expert. Sa mission principale consiste à observer les joueurs, recueillir des informations auprès des entraîneurs et responsables techniques, et évaluer leur potentiel pour les intégrer à un projet sportif.

Antonio Antonazzo, recruteur M-11 à l’Association cantonale genevoise de football (ACGF), explique :

« Voir un joueur qui fait la différence lors d’un match de jeunes, c’est facile. Mais détecter un potentiel chez un joueur qui ne brille pas immédiatement, c’est là toute la difficulté du scouting. A 11-12 ans, rien n’est défini chez la plupart des joueurs et une seule qualité au-dessus de la moyenne peut être déterminante dans le recrutement. »

Les scouts ne se contentent pas d’une observation isolée. Ils suivent les jeunes sur plusieurs matchs pour évaluer leurs qualités et comprendre leurs marges de progression. La relation avec le ballon étant le critère principal pour les jeunes de cet âge-là.

 

Devenir scout : une passion et une expertise

Devenir scout n’est pas le fruit du hasard. La plupart ont un long parcours dans le football : joueur, entraîneur, puis observateur. Ce bagage, complété par des formations spécifiques de l’ACGF ou de l’ASF, leur permet de développer une certaine expertise. Mais être scout demande aussi un amour inconditionnel pour le jeu et une grande disponibilité. Assister à de nombreux matchs, quels que soient le niveau ou les conditions, est indispensable pour affiner son regard.

« Pour évaluer un joueur, il faut des références et une bonne connaissance du niveau pour lequel on recrute »,  précise Antonio Antonazzo.

La détection des talents : un processus rigoureux

La détection au sein du GEF repose sur un processus structuré. En début de saison, les scouts reçoivent la liste des clubs et équipes à suivre. Ils se rendent ensuite sur les terrains pour observer les matchs et établir des rapports détaillés sur les joueurs identifiés. Ces données sont ensuite centralisées sur la plateforme GEF Scouting, un outil numérique collaboratif qui facilite le suivi.

Les échanges avec les clubs jouent également un rôle crucial. Les entraîneurs et responsables techniques proposent leurs propres listes de joueurs, qui sont ensuite comparées aux observations des scouts lors de réunions spécifiques. Cette collaboration garantit une vision croisée et complète des joueurs sélectionnés.

 

Portrait d'Antonio Antonazzo, scout expérimenté du programme Footeco, photographié sur un terrain de football à Genève. Il porte une veste aux couleurs du GEF, reflétant son rôle clé dans la détection des jeunes talents.

Antonio Antonazzo, recruteur M-11 à l’Association cantonale genevoise de football (ACGF)

 

Les critères d’évaluation : au-delà de la technique

À 11-12 ans, la technique est le critère principal d’évaluation. Le scout observe si le joueur maîtrise le ballon, dose ses passes, ou prend des décisions justes dans son jeu. Les aspects physiques et le mental, bien que non déterminants à cet âge, sont également pris en compte à plus long terme. Cependant, le processus va bien au-delà des compétences sportives. Les aspects comme la motivation, le comportement ou encore le soutien familial, sont également cruciaux pour évaluer le potentiel d’un jeune joueur.

« La marge de progression d’un joueur dépend de ses qualités de footballeur mais également de son environnement familial et scolaire. C’est pourquoi les responsables Footeco organisent trois entretiens annuels avec les parents » souligne Antonio Antonazzo.

La plateforme GEF Scouting : une révolution numérique

La plateforme GEF Scouting est un outil central dans le travail des scouts. Elle permet d’enregistrer les observations, de croiser les avis de plusieurs observateurs et d’assurer un suivi plus précis des joueurs.

« Chaque scout a une sensibilité différente. Ces regards croisés enrichissent nos analyses et permettent de s’assurer qu’une majorité d’observateurs ait détecté le potentiel d’un joueur » explique Antonio Antonazzo.

Cette base de données numérique permet également de suivre l’évolution des joueurs non retenus initialement. Comme la sélection des talents est un processus continu, certains, grâce à leur progression, intègrent les sélections seulement après plusieurs années de suivi.

Collaboration et décisions collégiales

Les scouts ne travaillent pas seuls. Le processus de détection au sein du GEF est un travail d’équipe et  repose sur une collaboration étroite entre scouts, éducateurs et responsables Footeco des entités partenaires (Servette, Meyrin, Etoile Carouge, ACGF). Les décisions sont prises de manière collégiale, lors de réunions où les observations et rapports sont minutieusement analysés.

« Le fait que les choix soient basés sur l’avis d’une vingtaine de techniciens garantit une certaine objectivité dans le recrutement » affirme Antonio Antonazzo.

Défis et perspectives du scouting

Le scouting n’est pas sans défis. La diversité des niveaux de jeu (qui rend souvent difficile l’évaluation de l’adaptabilité d’un joueur à un niveau de compétition supérieur), les différences d’infrastructures entre les clubs ou encore la difficulté d’évaluer des profils défensifs chez les plus jeunes sont autant de difficultés que les scouts doivent surmonter. Cependant, leur travail a un impact direct sur le développement des jeunes talents du canton et, par extension, sur le football genevois dans son ensemble.

« Les bons résultats des équipes genevoises dans leurs championnats respectifs ainsi que les nombreux talents issus du foot genevois jouant à l’étranger sont aussi le résultat de la qualité du travail effectué au niveau de la formation » conclut Antonio Antonazzo.

 

L’avenir du scouting au GEF

La présence de nombreux scouts au bord des terrains et l’opportunité pour un jeune joueur du football de base de rejoindre les sélections Footeco contribuent à une émulation.

Pour un jeune footballeur, l’activité des scouts représente l’opportunité d’être repéré et de rejoindre un environnement sportif qui lui offre les meilleures chances de « réussite ».

Pour que ce processus reste viable et que la détection des jeunes joueurs s’inscrivent dans la durée, la collaboration entre le programme Footeco et les clubs de base est nécessaire. Echanger davantage, coopérer plus participe assurément à une meilleure identification des jeunes espoirs.

Le travail des scouts, combiné aux outils numériques et à une collaboration plus étroite avec les clubs et familles, continue de jouer un rôle déterminant dans la progression du football genevois.

 

Un grand merci à Antonio Antonazzo pour la corédaction de cet article.

Pour faciliter la lecture, cet article a été rédigé au masculin. Toutefois, il est important de souligner que les joueuses sont de plus en plus nombreuses à intégrer le programme Footeco, contribuant ainsi activement à la progression du football féminin genevois.